Décoloniser le Futur

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« Depuis un centre de névrose unique, une infection s’est développée avec une vélocité telle que très vite, il n’y eut plus un coin de la planète qui n’en fut contaminé. il s’agit du capitalisme bien sûr. Mais nous savons que c’est aussi dans le lit des violences faites au naturel par la métropolisation libérale, à la faveur de l’arasement de dispositifs communaux jugés non rentables et au gré des circuits marchands que les virus biologiques se forment, s’établissent et se propagent… L’une et l’autre pandémies entretiennent identité de méthode par l’incohérence insinuée dans les systèmes dont elles perturbent les structures traditionnelles sociales et économiques organiques.
Ce n’est pas tout encore du viral. Immiscée, subreptice, colon…, il se propose, presque plus stimulant à penser, dans le cyber-système techno-industriel. Il y a ainsi au cœur de notre âge technique, incubé par la société numérique, une gestation sournoise. Son premier mouvement est l’aboutissement envisagé en cul de sac d’un double processus : Celui par lequel le libéralisme se trouvant las de l’effort de transformer les Etats en entreprises, accède à la conscience qu’elle peut tout aussi bien désormais et plus vite en somme, transformer les entreprises en Etats… Et celui concomitant par lequel la technique cesse de voir dans le social le parangon au service duquel se mettre mais s’envisage dorénavant en pis-aller de celui-ci. Cette double arrogance en concrétisation, nourrie d’un pouvoir perçu sans limite aux technosciences du digital et à leur particularité, est cristallisée du côté de la ville. Cette gestation a en effet la faveur du tournant de métropolisation générale du monde et fatalement les logiques de grille, le désir de la réduction de tout au calculable qui fondent selon l’anthropologue anarchiste l’essence de la cité. »

Statut : Disponible en Précommande
Sortie : Mai 2022


350 Pages, ISBN : 978-2-9582205-2-5


Edition Limitée : Disponible uniquement en contrepartie dans le cadre de campagne de crowdfunding HubCity.

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Description

L’univers procède comme s’il résolvait des problèmes en permanence. Quelque frustrant que cela puisse être pour la conscience moderne, les hommes ne sont pour rien en ce que le monde fonctionne.

Ce n’est que cela l’existence : cette performabilité !

Nous avons parlé de “La” conscience : c’est alors conscience de cette performabilité. Vaste.

Les sagesses ont considéré que s’il eût un commencement, elle devait s’y mouvoir, la conscience sur le commencement, comme un souffle sur un océan calme. Qu’elle aura forcément mis en trouble ensuite du désir de se répondre à elle-même.

Elle est depuis incarnée en toute chose. Elle est la source, le produit et la somme de toute chose. Son principe est donc se reconnaître dans les choses qui toutes la partagent. Les objets eux-mêmes, contaminés de cette conscience, ainsi que nous le verrons, répondaient à ce principe. La conscience est en écho d’elle-même.

Mais l’humain est, partout, qui l’a recueilli plus crucialement. la désescalade des cosmogonies toujours, leur enchaînure des gésines s’ensemançant les unes les autres, tout le drame parturient finit à lui. Il est placé au milieu des choses, l’homme, distingué de toutes, comme leur berger quand bien même elles le dépassent.

Il est, l’humain, ce nourrisson capable de commander un taureau.

Chez le bètãmmaribè du Togo et du Bénin du nord, l’homme est le repère autour de quoi toute la cohérence s’organise et se déploie. Fixé, il a le pouvoir de n’être jamais perdu dans l’immensité de l’univers. Il accueille la complexité en lui. Il la résume. En lui seul tout joue à être complet.

Le rôle de l’humain dans ces cosmoéthiques est de ménager l’écheveau. C’est ambitieux cela ! Mais avec l’orgueil moderne, on a postulé qu’il était de le débrouiller. On a ainsi ouvragé un projet philosophique en réalité de la démission. On peut considérer que dès lors se sont érodées ces voies supérieures de l’humain par quoi il participait de la totalité. On tentait désormais des logiques de la saisir. Il s’est mis en sourdine la capacité d’accueil pour celle d’analyser… Tel un muscle qui n’est plus entraîné devient flasque, on a atrophié le sens de résonner avec les choses.

L’organicité, c’est entendre pour ainsi dire impérieusement à la fois les concaténations supérieures, et les structures complexes en écho d’elles et de cohérence entre elles qu’elles suggèrent à la capacité cognitive des hommes. Elle s’explique donc moins par ce qu’elle est que par ce que l’humain la conçoit. Et si donc elle est conçue, c’est qu’elle est. Elle est justifiée de son sens.

C’est évidemment là une justification difficile à entendre de l’esprit analytique. L’esprit tout court. En réalité, elle l’est -difficile à entendre- plus sournoisement pour le démocratique qu’elle suppose dès lors, dans le saisissement du monde. C’est cela qui en fond répugne le bel esprit, l’instinct bourgeois.

Il y a, qui n’a pas été assez étudié, un renforcement des structures de pouvoir dans la substitution d’élaborations rationalistes à toute idée de logique intrinsèque du monde de l’ordre du ressenti. Ces ouvrages conceptuels travaillés du besoin d’être complexes ce qui confine à la complexification sont pour divorcer des concaténations naturelles à la fois hautement complexes et accessibles à tout humain où qu’il soit dès lors qu’il est fixé.

Aussi l’effort est-il de nous jeter dans la frénésie du mouvement stérile, du geste infécond. Et ce n’est que cela la modernité. Une vaste entreprise de la séparation fondamentale en tout avec de la possibilité de vie.

Nous avions déjà vu que la vie faisait la conscience. Dans la perspective en circuit des sagesses : la conscience enfante. Le tout est dans un mouvement brassé.

Le basculement définitif dans les sociétés d’humains analytiques porte glas de l’ouverture et l’interopérabilité des données du monde assurées au sein des visions organicistes. Le formalisme puis la dialectique, furent deux aspects premiers dans une amputation du sens dont le cache-sexe est la logique de silos. Les “specialités” seules ont permis à la modernité de se survivre intellectuellement alors même qu’elles limitaient l’embrassement du monde.

C’est le privilège des sociétés anciennes, que d’être ouvertes à la computation dans l’intentionnalité naturelle et d’avoir ouvragé les seules logiques complexes, souvent de la création symbolique, capables de la retranscrire.

L’ambition d’atteindre la complétude – une autre façon de scientificité- du drame cosmique crypté dans la forme cosmogonique est remplacée dès les grecs par une structure panthéonique rigidiquement humaine. C’est peut-être un glissement de la puissance de dispositifs anthropomorphiques vers la médiocrité de l’humanisme où quelquechose de la complexité est perdue pour la tragédie. De la figure humaine prêtée à la vérité naturelle faisant les déités on est passé à de la simple humanisation de dieux institués.

Qu’ajouter à cela sinon répéter encore qu’il faudrait peut-être faire remonter jusque là l’éthique occidentale qui postule aujourd’hui et nous propose qu’être esclave de la “rationalité” est préférable à l’éthique d’être esclave de la raison du monde.

La pensée, vertigineuse elle même, mienne, a suffisamment laissé entendre qu’il fallait casser les silos pour retrouver cette éthique du point de convergence. Or comment reproposer l’idéal totalitrice des cosmogonies contre la pensée moderne sans se montrer réactionnaire de toutes les éthiques légitimes du projet philosophique initial de la modernité. Attaquer les Lumières ne devrait point être invoquer quelque grande nuit. Nous avons d’autres carnets pour l’affirmer. Pour l’heure, c’était d’explorer plus avant les effets de la mise à distance du réel et révoquer le futur.

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