Description
L’origine des villes a très généralement conditionné leur développement ultérieur. A Lomé; l’histoire est particulièrement indispensable pour en comprendre la dynamique. Parmi les capitales africaines, l’originalité de celle du Togo est de ne pas être une création coloniale, décidée et façonnée par un pouvoir extérieur pour ses propres besoins. Elle n’est pas non plus une ville africaine traditionnelle, ni même un village ancien qui aurait grandi en respectant des valeurs d’origine. Elle est la création de commerçants locaux à l’esprit moderne, dont la ville a, en retour, fait la richesse et le prestige.
Lomé est né discrètement au cours de l’année 1880 de la volonté des négociants africains des environs d’avoir un lieu d’import-export libre de douanes au-delà de la frontière orientale de la Gold Coast qui avait été imposée par les Anglais fin 1879. Son développement fut assez rapide pour attirer, dès 1882, des firmes européennes -anglaises puis, de plus en plus, allemandes- et pour entraîner, en 1884, des tensions avec les autorités de Gold Coast, ce qui provoquera, de façon imprévue, la mainmise allemande.
Ces premiers commerçants, venus d’abord du pays anlo voisin puis d’autres parties de la côte, s’approprièrent les terrains de la plage, qui n’étaient ni peuplés ni utilisés par les autochtones des hameaux de Bè, au bord de la lagune (ceux-ci cultivaient le plateau de terre de barre et chassaient dans la forêt qui couvrait alors le cordon littoral, mais se détournaient de l’océan). Le découpage des premières parcelles (autour de ce qui deviendra le grand marché, puis de la future rue du Commerce), à l’origine perpendiculaires à la plage, se fit donc dès le début selon le droit de propriété moderne, qui sera respecté, puis enregistré officiellement par les autorités coloniales successives. Comme ces premiers occupants avaient peu de capitaux, ils louèrent leurs terrains aux firmes étrangères avec des baux très favorables aux locataires, ce qui a donné au centre-ville une exceptionnelle stabilité foncière.
Lomé devint rapidement la voie d’accès vers l’intérieur du continent, selon un axe routier Lomé-Kpalimé-vallée de la Volta, aménagé dès la fin des années 1880. Ce qui amena l’administration allemande à abandonner sa première capitale, Aného, trop isolée, pour venir s’installer à Lomé en 1897, en achetant pour ses besoins les 150 hectares du futur Quartier administratif. Plus important encore, plus déterminant pour l’avenir, on construisit en 1904 un wharf (digue sur pilotis permettant de franchir sans danger l’obstacle de la barre), qui donna aussitôt à Lomé le quasi-monopole du trafic maritime. Le wharf permit d’établir en quelques années un réseau de trois voies ferrées drainant tout le trafic moderne du pays vers Lomé, dont la prépondérance politique et économique sur le Togo sera désormais irréversible.
En 1914, la ville atteignait 7000 habitants. Elle était pourvue de beaux bâtiments administratifs, commerciaux et religieux, propre et agréable. Certains négociants africains enrichis avaient aussi construit de belles maisons coloniales pour les louer aux firmes étrangères. Les terrains du centre-ville restant entre les mains des Africains, la ségrégation raciale n’avait pas encore pu être imposée. L’habitat populaire, lui, restait de forme traditionnelle, chacun au milieu de sa parcelle, enclose de haies ou de palissades, achetée aux propriétaires originels par démembrements successifs des premiers titres fonciers.
Statut : Disponible en Financement participatif
Sortie : Décembre 2022
200 Pages, ISBN : XXXXXXXXXXX
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