Principes d'une Cosmoarchitecture

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Une cosmoarchitecture est une “architecture — Monde”, c’est à dire ensemble l’éthique et la politique de prendre en charge par le même geste de bâtir et l’habiter qu’il prescrit : la communalité du vivant, les différentes échelles, l’unité du spectre et l’équilibre.

La cosmoarchitecture est un nouveau contrat de la parenté procédant d’un anthropocentrisme non clivé de la totalité. Aussi tisse t-elle avec son environnement. Tout le vivant y a abri. De part en part, la traverse l’idée d’une solidarité par delà les générations et que les actes posés aujourd’hui doivent laisser de la marge de manœuvre à l’avenir… Elle n’introduit pas de rupture dans l’habitation du monde… même pas celle, dans la modernité, de l’exister (au sens d’un séjour terrestre) d’avec le sein maternel et la tombe. En un sens elle invite à une considération plus générale, fondamentale de l’habiter : une manière d’être au monde qui excède largement le domaine du logement en fixant pourtant que les conditions de l’installation et la logique fonctionnelle la préfigurent. Aussi le bâtir est-il d’emblée pris dans un faisceau complexe de relations et de responsabilités qui pour alternativement se débrouiller ou se nouer par endroits mobilise souvent du rituel. Préfigurée par la société de tradition, la cosmoarchitecture est une modalité du “Système du monde” qui s’oppose à l’approche civilisationnelle “moderne” des installations humaines.

Elle engage ainsi idéalement, la cosmoarchitecture, par ses moyens, le “ vivre ensemble” dans son acuité la plus contemporaine.

 

Statut : Disponible en Financement participatif
Sortie : Mars 2023


200 PagesISBN : …

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Description

L’habitat cristallise dès lors extraordinairement la tout premier système performatif que l’humanité ait jamais développé : l’homme augmenté… par l’homme.

 

Le lien comme technologie

En effet, ajouter de l’homme à l’homme : la constitution au dessein d’efficacité de groupes, de la communauté, de la tribu ont requis des niveaux de sophistication jamais plus atteint par la suite.  On peut considérer que la structure sociale est la toute première technologie connue.

On peut aussi sans crainte dire qu’il y a de la complexité dans la structure sociale et seulement de la complexification à la source de toutes les autres technologies qui suivirent depuis outils rudimentaires en passant par les logiques d’auxiliaires jusqu’aux technologies du digital mêmes.

L’approche communautaire du chantier s’avère une qualité fondamentale du bâtiment en Afrique du fait qu’elle mobilise une technologie que son usage n’érode pas. Au contraire, la structure sociale se renforce à mesure qu’elle est sollicitée. C’est aussi ce qui distingue le lien de toutes les autres formes de technologies. Le fait de communauté défie tout principe d’obsolescence programmée. On peut en abuser.

La société organique implique une communauté transversale de connus et d’inconnus et une parenté globale dans laquelle sont admis et mêmes requis  les vivants non humains mais surtout elle est ouverte aux générations futures. L’ensemble du monde africain se retrouve ainsi pris dans une panoptique inclusive.

 

Une éthique transversale et intriquée

La maison originelle est la projection au sol de ces structures sociales élargies, sous la forme d’un écheveau renouvelé de principes devant traduire des systèmes de pensée complexes. Ces principes, rigoureusement les mêmes, remarquablement ordonnés, réalisent ce qui pourrait être saisi comme un véritable algorithme vernaculaire  !

Nous avons ainsi pu noter que l’habitat et l’installation anciens sont rigoureusement structurés par huit (8) principes : 1. la permanence de figures de la gestation, 2. l’anthropomorphisme pédagogique des moyens, 3. la différentialité fondamentale, 4. et 5. le mouvement et l’ordre en révolution et fractales, 6. l’accomptabilité en panoptique, 7. et 8. les désirs de totalité et d’unité. 

Qu’on s’intéresse à l’habitat des Bètãmmaribè du Togo et du Bénin, à celui des Dogon au Mali, ou encore des Kassena du Burkina, il transparaît bien, avec une parfaite constance, cette imbrication des mêmes préoccupations, combinées différemment à chaque fois selon le site, ce qui semble dire leur dépendance. De fait, les concepts sont intimement liés et sont supports et moyens réciproques, se complétant ainsi les uns les autres : intimité et Unité étant en définitive le credo de l’architecture de terre.

L’obsession de l’architecture traditionnelle à résumer le monde (Désir de totalité), par exemple, est souvent assouvie en « figure et création » (Anthropomorphisme): la maison africaine a ainsi toujours figure humaine ; l’être humain étant le plus complet de toute la création, il illustre le monde.  Cette obsession synthétique est tout autant manifeste dans la multiplication de figurations de la « création » (Gestation) : permanences de motifs de la gésine, allusions à la procréation, accouplement, naissance, etc. 

L’architecture totale ayant figure et âme humaine tend ainsi à indiquer le statut de l’être humain dans l’univers. La femme étant mieux “humain” en ce qu’elle détient le secret de la vie ; passe le mâle. Et il faut encore ici extraire la dimension écologique de ce système de pensée qui ordonnant l’espace, le veut « femme ».

Chez les Kasséna par exemple, comme le souligne J.-P. Bourdier (Habiter un monde), « l’image de la maison comme matrice se traduit dans les formes fœtales du couple dia-diyu (chambre-cuisine) de l’unité de la femme. » Figures de parturition, formes embryonnaires (souvent en « 8 ») sont ainsi secrètement introduites dans le plan masse traditionnel. Le statut de mère ici, comme dans toutes les sociétés de tradition, transcende. Cette unité chambre-cuisine qui accueille aussi les travaux et rites d’accouchement est canonique en Afrique occidentale.

Le faisceau de valeurs dont nous développons l’intuition en explorant ainsi le bâtiment vernaculaire suggère une sorte de méta- valeur dans le monde africain par l’ inextricabilité des principes mobilisés. 

C’est là rapidement esquissée une tentative de lever le voile sur les éléments constitutifs de ce qui pourrait être le “canon” africain. Mais il faut montrer en quoi il conceptualise une réponse valable aux enjeux de la contemporaneité.

 

 

 

 

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